En se promenant sur les plaines d’Abraham, dans la ville de Québec, il est possible d’observer de drôles nichoirs d’oiseaux. Fichés sur le haut d’un poteau, ces nichoirs comprennent plusieurs maisonnettes, un peu comme un complexe de condos. Chacune est prête à accueillir un couple d’hirondelle noire qui y viendra élever sa nichée au printemps. Mais ces nichoirs d’hirondelles noires ont une longue histoire. Nous vous invitons à la découvrir dans ce texte.
Une histoire qui remonte loin dans le temps!
Disons d’entrée de jeu que ces maisonnettes (ou nichoirs) servent avant tout à l’hirondelle noire. Malheureusement, le parc des Champs-de-Bataille n’a pas pu nous donner l’historique de leur présence sur les plaines d’Abraham. Toutefois, l’histoire des débuts de la Société Provancher nous met sur une piste intéressante.
C’est une longue tradition que la fabrication de ces maisonnettes! Aux tout débuts, dès les années 1920, la Société Provancher intervient régulièrement auprès de la population pour la sensibiliser à l’importance de protéger et conserver la nature. Ainsi, pour faire valoir l’importance des oiseaux insectivores en agriculture, l’on invitait les jeunes et les adultes à construire des maisonnettes d’oiseaux.
La fête des oiseaux!
C’est ainsi que durant plusieurs années, la Société va organiser la « Fête des oiseaux ». Et c’est donc l’occasion qui donne lieu à l’exposition de ces maisonnettes. Dans les années 1930, jusqu’à 12 000 personnes participent à cet événement annuel.
Et dans son premier bilan décennal, en 1929, la Société déclare refuges d’oiseaux des jardins privés et publics, dont le parc des Champs-de-Bataille. Ne seraient-ce pas les débuts de la présence de ces maisonnettes d’oiseaux sur les plaines d’Abraham? Tous ces indices nous porteraient à le croire!
Chaque printemps, le parc des Champs-de-Bataille installe sur les plaines d’Abraham, aux mêmes endroits, les trois nichoirs pour les hirondelles noires. Lors de votre prochaine visite sur les plaines d’Abraham, allez les découvrir! Les hirondelles sont uniques en Amérique, car ce sont les seules qui nichent ainsi en colonies artificielles si denses dans un environnement urbain.
Elles sont trois, situées aux endroits suivants, selon Google Maps :
- 46.800467, -71.222000
- 46.801258, -71.219245
- 46.797959, -71.222699
L’hirondelle noire
La plus grande de nos hirondelles est à la limite de sa distribution nord-américaine au Québec. C’est un oiseau social qui niche en colonies et recherche les espaces ouverts. Elle trouve sa nourriture en plein vol, souvent au-dessus de l’eau. Elle peut aussi s’abreuver de la même façon! Elle consomme beaucoup d’insectes pouvant aller jusqu’à la taille des libellules. C’est pour cette raison que, depuis longtemps, les humains lui ont offert des « cabanes » de nidification. On dit que les Amérindiens installaient des courges vides pour lui servir de nichoir. Et lors de ses déplacements en 1831, le célèbre naturaliste John James Audubon choisissait ses hébergements parmi les établissements qui montraient les plus beaux nichoirs en affirmant que cela reflétait aussi la qualité intérieure de l’auberge.
L’hirondelle noire, autrefois appelée hirondelle pourprée à cause de sa couleur bleu foncé iridescente, peut atteindre l’âge de 13 ans. Elle nous quitte à l’automne pour aller hiverner en Amérique du Sud, au Brésil, en Bolivie et dans d’autres pays. Son vol gracieux est un plaisir à observer et son chant est un roulement guttural agréable à entendre. Son abondance en Amérique aurait décliné de 37 % entre 1966 et 2015 comme plusieurs autres oiseaux insectivores. L’étourneau sansonnet et le moineau domestique, deux espèces introduites, lui font une féroce compétition pour lui dérober les sites de nidification, d’où la nécessité d’entretenir les nichoirs et de les réserver aux hirondelles en bouchant les ouvertures quand elles ne les utilisent plus.
Pour plus d’information : https://www.allaboutbirds.org/guide/Purple_Martin/overview
Johane La Rochelle et Guy Trencia, bénévoles de la Société Provancher
Photo à la une : Guy Trencia.