Perte de biodiversité. Bar des Sciences 2018: Fritz Neuviller, Nathalie Barrette, Philippe Legagneux, Jean-Luc Desgranges. Photo : Pierre Fontaine

Bar des Sciences de la Société Provancher 2018

À QUAND LA PROCHAINE EXTINCTION MASSIVE DE LA BIODIVERSITÉ?

Le jeudi 15 novembre 2018 a eu lieu le deuxième Bar des Sciences de la Société Provancher présenté à la brasserie artisanale La Korrigane, de Québec. C’est à 19 h 30, devant une salle bien remplie — soit 66 personnes — et très animée, que le débat a pris son envol.

Le thème retenu cette année a été : À quand la prochaine extinction massive de la biodiversité? Pour en débattre, nous avions invité trois spécialistes en la matière. Il s’agissait de la climatologiste de l’environnement Mme Nathalie Barrette, du paléontologue M. Fritz Neuviller, et de l’écologiste de la biodiversité M. Pierre Legagneux, tous trois rattachés à l’Université Laval. M. Jean-Luc Desgranges, biologiste à la retraite, a été le modérateur du débat.

Concept d’extinction massive

Voici ce que nous en disent les spécialistes : une extinction massive est un événement relativement bref à l’échelle du temps géologique au cours duquel au moins 75 % des espèces animales et végétales présentes sur la Terre disparaissent autant dans sa partie terrestre qu’océanique. À ce jour, la Terre en aurait connu cinq, et ce, sur un horizon de 445 millions d’années!

Les causes de ces catastrophes sont multiples. De façon générale, les chercheurs en ce domaine reconnaissent la tombée d’astéroïdes sur la Terre comme étant une des principales causes. À cela serait associé le volcanisme. Tout ça bien mélangé apporte des changements majeurs autant à la surface de la planète que dans les océans. Ces changements ont eu d’importantes répercussions sur les êtres vivants à ce moment-là. La plus remarquable des extinctions massives est sûrement celle appelée extinction du Crétacé-tertiaire survenue il y a 65 millions d’années. Et c’est la plus récente. Bien qu’il y ait eu 75 % des poissons qui ont disparu, elle se caractérise par la perte des grands dinosaures.

Dans ce contexte, il devient fort hasardeux de prédire à quel moment de l’histoire de la Terre surviendra une sixième extinction massive. Mais, si nous avions à la prédire, il est fort possible qu’elle soit d’origine anthropique.

À quand la prochaine extinction massive de la biodiversité?

Notre modérateur, M. Desgranges, nous met d’abord en appétit en relatant brièvement l’impact qu’a eu sur le paysage de notre planète l’Homo sapiens depuis sa très récente apparition, il y a environ 195 000 ans. Plus près ce nous, au cours des deux derniers siècles, plusieurs espèces tant animales que végétales ont notamment disparu à cause de leur surexploitation, de la destruction des habitats et de la pollution sous toutes ses formes. De plus, la population humaine n’a jamais été aussi grande, et l’on prévoit encore son accroissement, malgré le constat que la Terre ne peut suffire à tous nous nourrir convenablement.

Philippe Lagagneux répond d’abord à une question sur l’intégrité écologique. Par définition, la nature exige des des adaptations constantes. Cependant, ces modifications sont actuellement plus rapides en raison notamment des changements climatiques. Et il semble bien que l’Homo sapiens moderne soit le plus grand responsable de cette situation, mais il est difficile d’en prédire l’impact sur le long terme.

À la question à savoir quand surviendra une sixième extinction massive des espèces, M. Fritz Neuviller rappelle que pour qu’il y ait un tel événement, il faut que 75 % des espèces vivantes disparaissent. Or, on estime qu’il y aurait environ 9 millions d’espèces actuellement sur la Terre. S’il en disparaît 30 000, ça ne fera que 0,33 % d’entre elles! Par conséquent, on ne peut donc pas parler d’extinction massive, même si ce constat nous paraît incroyable. La nature ne fait pas de romantisme. La disparition d’espèces en fait apparaître d’autres. C’est le cas notamment des coraux. L’histoire de l’évolution des espèces nous montre qu’une espèce vivante aurait une espérance de vie de l’ordre de 0,5 à 1 million d’années.

Depuis la « création » de la Terre, le climat a toujours été en constant changement. Mme Nathalie Barrette nous dit que plusieurs facteurs agissent individuellement ou en synergie pour faire varier le climat. Et cela a toujours été, avec parfois des périodes de stabilité de longue durée. Même l’axe de la Terre et son orbite autour du soleil ont sûrement joué un rôle dans les changements climatiques antérieurs.

Comment peut-on agir pour réduire une potentielle extinction des espèces?

Voilà une question de la salle, répondue par plusieurs intervenants. Un des plus grands problèmes actuels et futurs sur la Terre est celui de la démographie humaine. La pression exercée sur les écosystèmes pour subvenir aux besoins primaires des humains est telle que la planète ne peut « fournir à la tâche ». De plus, le concept d’économie basée sur la « croissance constante » est un paradigme insoutenable. Travailler à l’échelle de l’espèce est utopique. Il faut le faire de façon écosystémique. Les habitats sont au cœur de la survie des espèces. L’homme, l’espèce la plus soi-disant « intelligente » n’ayant jamais existé sur la Terre, s’autodétruit petit à petit. Devrons-nous attendre d’atteindre le point de non-retour pour agir collectivement? Que nous réserve l’avenir? Où Homo sapiens sera-t-il rendu dans… 100, 1000, 10 000 ans?

Daniel Banville

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