M. Guy Rondeau tenant en main un faucon pèlerin

La fauconnerie : une façon singulière d’apprécier les oiseaux de proie

Ce sont 60 personnes, deux faucons et une buse qui ont assisté à la conférence conjointe de la Société Provancher et du Club des Ornithologues de Québec intitulée La fauconnerie, patrimoine de l’humanité – une forme spécialisée d’ornithologie. Notre conférencier, M. Guy Rondeau, s’intéresse à l’ornithologie et au dressage des oiseaux depuis son adolescence. Déjà à l’âge de 12 ans, il avait établi un « lien de commensalisme » avec deux corneilles si bien apprivoisées qu’il pouvait les laisser voler librement dans le voisinage. Sa passion pour la nature l’a conduit à des études spécialisées en génie forestier (U. Laval) et en sciences de l’environnement (UQAM). Dès le début de sa carrière, il a œuvré pour des projets de conservation de la nature (gestion d’aires protégées) en Afrique et à Madagascar pour de grandes agences environnementales (WWF, Conservation International, BirdLife International), si bien qu’il y a rapidement pris pays et femme. Au sein de l’organisme non gouvernemental Afrique Nature International et de sa firme de consultation OKAPI Environnement Conseil, il réalisera au cours de sa carrière professionnelle de nombreuses études environnementales, très souvent sur les rapaces diurnes et nocturnes qu’il affectionne tout particulièrement.

Il n’est donc pas surprenant que la chasse au vol — autre appellation de la fauconnerie — et le vol libre en ultraléger ont toujours été ses principaux loisirs. La fauconnerie est l’art de capturer une proie sauvage dans son milieu naturel à l’aide d’un rapace dressé. Figurant depuis 2010 au patrimoine culturel immatériel de l’humanité (UNESCO : convention visant à perpétuer un art et un savoir-faire ancestral) et qui requiert un lien étroit entre un oiseau rapace et son fauconnier, cette activité constitue un véritable mode de vie pour ses adeptes qui la pratiquent depuis plus de 7000 ans. Originaire des steppes d’Eurasie, la fauconnerie s’est d’abord étendue au Japon au 3e siècle av. J.-C. et à l’Arabie au 6e siècle. Puis, elle a gagné l’Europe lors des grandes invasions, et l’Amérique lors de la colonisation du Nouveau-Monde. À cette époque, la fauconnerie était le passe-temps favori de la noblesse. Aujourd’hui, cette pratique reste encore très vivace en Asie centrale. En Occident, bien que moins en vue — parce que remplacée par la chasse au moyen d’armes à feu —, cette activité regroupe toutes sortes d’adeptes dans des associations de fauconniers soumises à une législation contraignante et enregistrée dans près de 100 pays. Pour ceux que cela pourrait intéresser, il convient de mentionner que la fauconnerie ne peut se faire qu’en totale harmonie avec un animal à l’instinct sauvage, mais entraîné et soigné tous les jours.

Bien que ce noble « art-sport » soit principalement récréatif, les oiseaux de proie et les techniques empruntées à la fauconnerie sont régulièrement mis à profit à proximité des aéroports pour effaroucher les oiseaux qui constituent une menace pour l’aviation. De surcroît, ce sont des fauconniers qui ont fourni les oiseaux reproducteurs ayant permis la mise en place de centres de réintroduction d’espèces menacées de disparition telles que le faucon pèlerin et le condor de Californie.

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, ce n’est pas tant la prise de gibiers — événements somme toute assez rares —, mais bien l’observation des prouesses aériennes de ces oiseaux chasseurs qui alimente la passion des fauconniers. Plusieurs d’entre eux sont également des artistes (p. ex. Frank Beebe, Ronald Digby, Hans Peeters) qui ont réalisé de magnifiques peintures dont notre conférencier s’est amplement servi pour illustrer sa conférence. En bon historien, celui-ci nous a brossé une histoire détaillée de la fauconnerie, s’attardant à sa pratique au sein des principales civilisations humaines. En outre, il s’est fait un devoir de nous mentionner au passage des personnalités en vue qui étaient des fauconniers (p. ex. Louis XIII, Shakespeare, Aldo Leopold), de même qu’il a élaboré une liste impressionnante de biologistes et de vétérinaires contemporains qui pratiquent également la fauconnerie.

En tant que président de l’Association de fauconnerie du Québec, M. Rondeau nous a finalement présenté la longue démarche (40 ans) qui a mené à la légalisation de la fauconnerie au Québec en 2008. Il nous a par ailleurs rappelé que ce n’est que depuis 1960 que les oiseaux de proie sont protégés dans la province de Québec. Auparavant, les rapaces étaient considérés comme étant nuisibles, si bien qu’on leur livrait une chasse ouverte… pour servir de trophées empaillés!

Jean-Luc DesGranges, chercheur émérite, Environnement Canada

M. Guy Rondeau,
Guy Rondeau conférencier le 9 mai 2018. Photo: Pierre Fontaine
M. Guy Rondeau tenant en main un faucon pèlerin
Guy Rondeau, président de l’Association de fauconnerie du Québec. Courtoisie Guy Rondeau
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