Le 13 juillet 2019, une activité d’initiation aux bryophytes organisée par la Société Provancher, Flora Quebeca et la Société québécoise de bryologie, a eu lieu à la Réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher. Elle a permis à 12 personnes de se plonger dans le monde minuscule des bryophytes. M. Stéphane Leclerc, animateur de l’activité et membre de la Société québécoise de bryologie présente le résumé suivant:
«Au matin du 13 juillet, ce sont douze participants qui se présentent à l’activité, accueillis par Stéphane Leclerc et https://www.provancher.org/wp-content/uploads/2016/04/photo-d-fortin-et-bob-1-e1480258981405-1.jpg de la Société Provancher. Plusieurs se sont inscrits par curiosité, sans trop savoir ce qui les attendait pendant cette activité d’une durée prévue de cinq heures.
La journée débute par une présentation de la Réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher faite par le représentant de la Société Provancher. Il relate l’histoire de la création de ce territoire protégé, le partenariat avec Canards Illimités puis il décrit brièvement les type de milieux qui composent la Réserve naturelle avant de céder la parole à l’animateur de l’activité.
Après à peine quelques dizaines de mètres parcourus dans le Sentier de la Faune, les participants font la connaissance de la Houppe à massue (Ulota coarctata). Cette mousse sert de prétexte pour présenter un des milieux dans lesquels on peut trouver des bryophytes : les arbres vivants. C’est aussi l’occasion de définir ce qu’est une mousse, de découvrir la morphologie des mousses à l’aide de dessins et de parler de la reproduction sexuée de ces minuscules plantes.
Non loin de là, un deuxième arrêt permet de voir la Frullanie commune (Frullania eboracensis) et la Frullanie chenille (Frullania bolanderi). C’est l’occasion de présenter les hépatiques feuillées, de comprendre leurs différences avec les mousses et de se servir de la Frullanie chenille pour expliquer la reproduction asexuée chez les bryophytes.
L’animateur utilise un langage imagé pour tenter de faire passer ces notions et répondre aux nombreuses questions des participants qui s’avèrent curieux et dynamiques. Une question qui brûle les lèvres de plusieurs participants concerne cette fameuse légende urbaine qui nous conseille de trouver le nord lorsqu’on est perdu en forêt en regardant de quel côté poussent les mousses sur les arbres. L’endroit est bien choisi pour répondre à la question et déboulonner ce mythe persistant : deux arbres l’un en face de l’autre, le premier est couvert de bryophytes du côté nord… Le deuxième est couvert de bryophytes du côté sud. Et vlan!
Le groupe continue ensuite son chemin dans le sentier, découvrant au passage un autre milieu propice aux bryophytes soit le bois pourri. Puis un participant fait remarquer une grosse bryophyte au sol, c’est l’Ébouriffe triangulaire (Rhytidiadelphus triquetrus) dont le nom anglais Electrified cat’s-tail moss en fait rire plus d’un. L’arrêt suivant permet de voir le Polytric porte-poil (Polytrichum piliferum) et la Frangine blanchâtre (Racomitrium canescens subsp. canescens) sur un petit bloc erratique, ce qui sert d’exemple pour décrire ce troisième milieu qu’est la roche et en expliquer les différences d’occupation selon que la roche soit d’origine granitique ou sédimentaire, qu’elle soit sèche ou humide.
Par la même occasion, dessins à l’appui, cette Frangine et ce Polytric permettent de mettre en lumière différentes stratégies que les bryophytes ont acquises en cours d’évolution pour maximiser la surface de contact avec l’eau et la retenir à l’aide entres autres de lamelles et de papilles.
Le Sentier de la Faune contourne ensuite un dortoir à Martinets ramoneurs. Un autre habitat, artificiel celui-là, s’exhibe alors aux participants puisque quelques mousses se sont installées sur une partie de toiture en bardeaux d’asphalte.
En quittant le sentier de la Faune pour commencer la descente vers le sentier du Ruisseau, le groupe s’attarde plus en profondeur au sol, cet habitat prolifique. Une petite crevasse humide en bordure du sentier héberge une hépatique rare et permet de présenter les hépatiques thalloïdes : la Pellie ramifiée (Apopellia endiviifolia). Sur la pente bordant le sentier, une bryophyte étrange intrigue quelques participants qui l’ont remarquée et se demandent s’ils ont devant eux une mousse ou un hépatique. Chacun est invité à regarder de plus près et un vote à main levée tente de déterminer où classer cette plante. Seule deux personnes ont deviné qu’il s’agissait en fait d’une mousse, c’était un Fissident (Fissidens sp.). Le sujet est pointu et le lot d’informations est énorme, mais tous les participants se prêtent au jeu que leur propose l’animateur.
Le groupe descend faire une récolte d’Arabesque des forêts (Nowellia curvifolia) sur une souche pourrie dans le Petit Détour et a la chance de pouvoir observer des sporophytes d’hépatiques, choses rares à cette période de l’année. La prochaine espèce à être observée, la Sphaigne hérissée (Sphagnum squarrosum), semble être la seule sphaigne présente sur la Réserve naturelle. Elle croît dans un habitat différent : les dépressions humides en forêt.
L’heure avance, il est plus que temps d’aller prendre le repas du midi sur la plage. Au passage, un bref arrêt pour parler de la Pleurozie dorée (Pleurozium schreberi) aussi appelée Hypne de Schreber par plusieurs auteurs et soudain, l’animateur s’arrête net. Ses yeux viennent de découvrir une minuscule plante vasculaire en bordure du sentier, entremêlée aux mousses. C’est la Sélanigelle cachée (Selaginella eclipes) qui peut facilement être confondue avec les bryophytes de par sa taille et son allure. Tous la regardent au travers de la loupe pour bien voir les feuilles opaques de la plante.
Le pique-nique sur la plage, à l’ombre des grands arbres permet de se reposer et de se rafraîchir un peu. Les intéressés viennent consulter la ligne du temps préparée par l’animateur pour représenter succinctement l’histoire de la bryologie au Québec.
Le groupe se dirige ensuite d’un bon pas vers le préau J.C. Raymond Rioux où les participants ont l’occasion d’observer quelques spécimens à la loupe binoculaire et au microscope dont l’Arabesque des forêts récoltée plus tôt dans la journée. Divers ouvrages de références en anglais et en français sont mis à disposition des participants, dont la volumineuse Flore des bryophytes du Québec-Labrador.
Il y avait tant à dire et à voir que l’activité a duré quarante minutes de plus que prévu. L’activité a permis de découvrir six milieux où trouver des bryophytes et de mettre un nom sur une douzaine d’espèces. Ça semble peu, mais ces gens dynamiques qui ne savaient pas trop à quoi s’attendre sont repartis en ayant maintenant conscience de l’existence du merveilleux monde des bryophytes. Stéphane Leclerc»
Nous tenons à remercier ceux qui ont rendu possible la tenue de cette activité: Mme Audrey Lachance de Flora Quebeca, M. Stéphane Leclerc de la Société québécoise de bryologie ainsi que Mme Élisabeth Bossert et M. https://www.provancher.org/wp-content/uploads/2016/04/photo-d-fortin-et-bob-1-e1480258981405-1.jpg de la Société Provancher. Photo à la une: Stéphane Leclerc