Tout un accueil au marais de Saint-Antoine-de-Tilly

Le samedi 4 août dernier, les Amis du marais de Saint-Antoine-de-Tilly ont organisé une visite de « leur marais » à l’intention des membres de la Société Provancher. Cette activité était l’occasion d’un rapprochement entre deux organismes partageant les mêmes valeurs et un intérêt manifeste pour le fleuve Saint-Laurent. Rappelons que le marais de Saint-Antoine-de-Tilly est un territoire linéaire de 12 km donnant accès au fleuve et situé juste en face de la Réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher de Neuville.

Lors de cette journée, les membres du conseil d’administration des Amis du marais de Saint-Antoine-de-Tilly ont été particulièrement accueillants. Tout comme l’ont été d’ailleurs les spécialistes recrutés pour assurer l’animation.

C’est M. Pierre Marchildon, président de l’organisme, qui a accueilli les participants au quai de la municipalité. Dans un premier temps, il a présenté l’historique et la mission de son organisme. Il a ensuite fait un survol des principales activités réalisées au cours des dernières années, dont le nettoyage des berges, l’embellissement de parcs, la présentation de conférences, l’inventaire d’oiseaux. Ce travail est appréciable considérant qu’il repose essentiellement sur du bénévolat et grâce aux liens tissés entre l’organisme et la municipalité de Saint-Antoine-de-Tilly.

M. Jacques Anctil, ornithologue du Club des ornithologues de Québec (COQ), a été le premier spécialiste à partager ses connaissances avec les participants. Cet excellent communicateur connaît bien cette portion du fleuve tant sur la rive sud que sur la rive nord ainsi que la richesse et la diversité des observations que l’on peut y faire.

Le grand héron est l’emblème des Amis du marais de Saint-Antoine-de-Tilly et nous avons pu en voir un individu en vol. Cette année, une douzaine de grands hérons fréquentent le marais qui leur offre une bonne aire d’alimentation. Au cours de notre visite, nous avons eu également la chance de voir quatre grandes aigrettes — dont la présence dans la région est inusitée — ainsi qu’un pygargue à tête blanche. Parmi les autres espèces observées à partir du quai, mentionnons le canard colvert et le goéland à bec cerclé. M. Anctil a insisté sur le fait que cette portion du fleuve constitue une voie de passage importante durant les migrations tant du printemps que de l’automne. Les intéressés sauront revenir le moment venu!

Mme Audrey Lachance du Bureau d’écologie appliquée (BEA) nous a ensuite entretenus sur les plantes rares de l’estuaire d’eau douce à saumâtre, dont font partie la gentiane de Victorin et la cicutaire de Victorin. Le marais de Saint-Antoine-de-Tilly est dominé par des plantes herbacées bien adaptées aux marées. Nous avons reconnu la berle douce, la sagittaire latifoliée, la zizanie naine et la pontédérie cordée pour n’en nommer que quelques-unes.

Le BEA est impliqué actuellement dans un chantier rassembleur visant à mieux connaître les berges de Saint-Antoine-de-Tilly. Les travaux qu’il y mène comprennent une évaluation des indices de qualité de la bande riveraine, un inventaire des espèces envahissantes, ainsi que l’élaboration d’un cahier de bonne conduite destiné aux propriétaires riverains et l’identification de mesures de correction. L’organisme prend à cœur ce travail qui sera déterminant dans le choix de ses futures actions de protection et de mise en valeur.

De son côté, M. François Caron, spécialiste en faune aquatique, a entretenu les participants sur l’état de santé du fleuve et sur les espèces de poissons qui y vivent (perchaude, barbotte, esturgeon, baret, poulamon, éperlan, etc.). Un bref historique a permis de comprendre l’importance de la pêche comme revenu d’appoint pour les fermiers à une certaine époque. La pêche au moyen de fascines et l’utilisation de lignes mortes à marée basse permettaient de capturer, entre autres, le bar rayé et l’esturgeon.

La construction de la voie maritime du fleuve Saint-Laurent dans les années 1950 et son entretien depuis ce temps ont grandement modifié la globalité de son écosystème. Parlant de l’habitat du poisson, M. Caron a souligné le succès de la réintroduction du bar rayé dans les années 1990. Cette espèce très abondante avait complètement disparu du fleuve peu de temps après la construction de la voie maritime. Il a terminé son exposé en mentionnant que l’arrivée d’espèces exotiques telles que la moule zébrée et la carpe asiatique méritait également des suivis.

La visite a pris fin sous le chapiteau de la ferme La Rosée du matin alors qu’un pique-nique était gentiment offert par les Amis de Saint-Antoine-de-Tilly. Au menu, des produits locaux ont été servis et l’ambiance s’est avérée fort cordiale. Les représentants de la Société Provancher ont remercié leurs hôtes et ils ont annoncé une visite particulière de « leur marais » en 2019 afin de poursuivre ce bon voisinage.

Élisabeth Bossert

Dîner sur le site de La Rosée du Matin. Photo: Élisabeth Bossert

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