La bécasse d’Amérique : écologie, baguage et conservation

Une conférence-causerie très originale

Le 20 novembre 2022, La Société Provancher recevait Mme Pauline Portal et M. Jean Lahaie, au pavillon d’accueil de la réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher, pour une conférence-causerie intitulée « La bécasse d’Amérique : écologie, baguage et conservation ». Trente-sept personnes ont assisté à cette conférence dont la formule a permis une bonne interaction avec le public.

Pauline Portal et Jean Lahaie représentaient tous les deux le Club des Bécassiers du Québec (CBQ), organisme avec lequel la Société Provancher a développé un partenariat au cours des deux dernières années. À titre de bénévoles, ils y occupent respectivement les fonctions de directrice et responsable du baguage et de directeur du marketing et formateur en baguage.

Dans un premier temps, Pauline Portal a abordé la biologie et l’écologie de l’espèce, puis avec la collaboration de Jean Lahaie, il a été question de baguage à l’aide de chiens d’arrêt, du projet de baguage réalisé au printemps 2022 à la réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher, et du potentiel que constitue ce territoire pour des initiatives futures.

La bécasse d’Amérique : une espèce au camouflage incroyable

La bécasse (Scolopax minor) est un oiseau au long bec dont le repérage n’est pas facile, son plumage étant un exemple incroyable de camouflage. Le mâle et la femelle ont un plumage similaire et, en période nuptiale, c’est le mâle qu’on reconnaîtra au vol, alors qu’il fait sa parade nuptiale au crépuscule. Le sifflement strident et caractéristique qu’il émet à ce moment-là est une onomatopée, soit un « pînt » nasillard duquel les amoureux des bécasses ont même tiré le verbe «pînter»! La croule est le terme utilisé pour désigner le chant et le vol nuptial de cette espèce.

Le printemps est arrivé!

La période de la croule de la bécasse d’Amérique nous indique que le printemps est arrivé! Ce moment est important pour les biologistes qui en profitent pour faire des inventaires de populations. On récolte ainsi des données sur l’espèce qui permettent de mieux gérer sa conservation. Comme cet exercice se fait en collaboration de bénévoles à qui on a confié une « route de croule», c’est un bel exemple de science citoyenne.

Des jeunes forêts comme habitat

C’est dans les jeunes forêts que se trouve l’habitat préférentiel de la  bécasse d’Amérique. C’est dans le sous-bois qu’elle fait son nid, au sol. Le défi dans le projet mené grâce à la contribution financière de la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs était de trouver d’abord un habitat où peut nicher la bécasse d’Amérique, puis de vérifier la présence de nids. Dans le sud du Québec, on aura des couvées entre la fin-avril et la fin-mai. C’est une période intense pour les bécassiers qui veulent baguer des oisillons et des femelles.

Un chasseur sachant baguer est un chasseur …

Jean Lahaie est un passionné de la bécasse d’Amérique et il a confié à son auditoire qu’il en est arrivé à préférer les baguer que de les chasser. Avec son chien d’arrêt, Aki, il a perfectionné sa technique de travail au fil des ans et arrive à de très bons résultats dans ce domaine. Ce « mordu » est maintenant formateur. Une vidéo présentée pendant la conférence-causerie nous a permis de le voir en action avec son chien.

L’expérience vécue avec la Société Provancher à Neuville

Au printemps 2022, le printemps a été pluvieux de sorte que la végétation au sol a rapidement poussé. Le travail de repérage de nids de bécasse a donc été plus difficile. Avec la collaboration des bénévoles de la Société Provancher et d’Aki, Jean Lahaie a toutefois trouvé un nid avec quatre œufs. Entre le 20 et le 29 mai, le suivi du nid a été fait et un oisillon a finalement été bagué. La mesure de la longueur de son bec a été prise – elle a révélé qu’il avait 6 jours –, puis d’autres caractéristiques ont été notées. Mission accomplie!

À titre indicatif, depuis 2007, le Club des bécassiers du Québec a réalisé le baguage de 2094 oisillons et 64 femelles, nécessitant en tout 200 heures de travail. Voilà une très belle contribution pour améliorer les connaissances de cette espèce!

Les retombées du projet

En terminant, nos conférenciers ont exposé fièrement les retombées du projet :

  • un nouveau territoire de baguage a été trouvé;
  • les données acquises seront transmises au Service canadien de la Faune (SCF);
  • le Club des bécassiers du Québec a pu faire connaître sa mission;
  • le public a été sensibilisé à la bécasse d’Amérique, cette espèce méconnue;
  • le partenariat avec la Société Provancher se poursuivra en 2023 avec des initiatives nouvelles (formation de nouveaux bagueurs, désignation de routes de croule, et demande d’installation de balises GPS sur les bécasses pour les suivis migratoires).
Un grand merci!

La Société Provancher remercie Pauline Portal et Jean Lahaie pour la qualité de leur présentation. C’est avec une très grande générosité qu’ils ont répondu aux questions du public. Après la conférence, le public a beaucoup aimé voir les chiens d’arrêt invités.

Élisabeth Bossert, responsable des activités éducatives,  Société Provancher

Photo à la une: Paul Vaugeois