Chronique sur l’histoire des gardiens de l’île aux Basques
La Société Provancher profite de son centenaire pour souligner l’apport de certains de ses plus importants contributeurs. Parmi ceux-ci, les gardiens de l’île aux Basques méritent une attention particulière. Pour souligner leur contribution, au cours de l’année 2019, nous publierons dans notre infolettre, sous forme de chronique, une série d’articles relatant les mémoires du gardien actuel, M. Jean-Pierre Rioux.
En plus des gardiens qu’il a côtoyés, M. Rioux nous décrira aussi les bateaux qu’ils ont eus pour faire la traversée à l’île. Toutefois, la mémoire étant ce qu’elle est, il insistera davantage sur le dernier demi-siècle.
Cent ans d’engagement pour la nature
Les gardiens de l’île aux Basques, deuxième partie, 1981 à 1990
Dans cette deuxième chronique sur les gardiens de l’île aux Basques, notre gardien actuel, M. Jean-Pierre Rioux,
nous parle de Marc-André Bélisle et de Raynald Dionne.
Marc-André Bélisle, gardien de 1981 à 1987
Marc-André Bélisle a été gardien de l’île à compter de la saison 1981 jusqu’à la fin de la saison 1987, soit pendant 7 ans.
Son premier bateau était construit en bois. C’était ce qu’on appelait un « flat », c’est-à-dire un bateau à fond plat. Des clients me racontent encore aujourd’hui la peur qu’ils ont eue lorsque le capitaine Bélisle est venu les reconduire à l’île avec cette embarcation assez particulière. En effet, en arrivant à l’île avec ses passagers, le bateau a frappé des rochers et il s’est ouvert. L’eau s’est mise à entrer, tellement qu’il a dû foncer tout droit sur le rivage pour aller s’y échouer afin que le bateau ne puisse pas couler à fond. C’est à la suite de cet incident qu’il s’est acheté un bateau en fibre de verre de 24 pieds environ, qu’il a possédé jusqu’à la fin de son emploi à l’île. Ce bateau s’appelait L’Escale. Je n’ai pas de photos des deux bateaux qu’il a utilisés pour le transport des passagers à l’île aux Basques.
Raynald Dionne, gardien de 1988 à 1990
Raynald Dionne a été gardien pendant trois saisons, soit de 1988 à 1990 inclusivement. Il avait deux bateaux, L’Esquimau et L’Otarie II.
L’Esquimau était un « flat » mesurant 25 pieds de longueur, semblable à celui de son prédécesseur (voir photo prise le 25 août 1989). À cette époque, ce type de bateau était très populaire dans la région de L’Isle-Verte et de Trois-Pistoles, car il n’avait qu’un faible tirant d’eau, ce qui lui permettait de flotter et naviguer en eau peu profonde. Par contre, lors des périodes de grands vents et de bonnes vagues, c’est une autre histoire… Plutôt que de fendre les vagues, le « flat » les « avalait ». Par conséquent, le plancher devenait rapidement rempli d’eau. Il fallait donc s’assurer que les trappes donnant accès à la cale soient bien fermées et bien étanches.
Lorsque vous passez par la route 132 dans le village de L’Isle-Verte, juste avant de prendre le pont qui enjambe la rivière du même nom, sur votre droite, il y a une halte routière. À cet endroit, on peut y voir un « flat » qui y trône sur des blocs rappelant aux visiteurs que ce type d’embarcation a connu ses années glorieuses pour les pêcheurs de la région. La photo de ce bateau est celle de L’Esquimau.
L’autre bateau de Raynald Dionne, L’Otarie II, était de couleur jaune avec un moteur in-bord — de l’anglais inboard. Dans ce bateau, il n’y avait pas grand place à bord pour les passagers et leurs bagages. À la fin de son mandat comme gardien, il l’a vendu à Alain Deschênes qui l’a entreposé sur le terrain de son entreprise à Rivière-Trois-Pistoles.
Texte de : Capitaine Jean-Pierre Rioux, gardien actuel de l’île aux Basques
Photo à la une : Yvan Bédard