Pour les raisons que l’on connaît, le parc naturel et historique de l’Île-aux-Basques a été fermé aux visiteurs en cet été 2020. Les quais n’ont été installés qu’au début de juillet en vue de permettre la réalisation de différents travaux sur les chalets et les sentiers. Par conséquent, seulement quelques personnes ont posé leurs pieds sur notre chère île aux Basques en ce temps de pandémie!
Étant responsable d’une corvée de bénévolat qui avait lieu durant la dernière semaine de juillet, j’ai eu la chance de visiter l’île de long en large et de faire plusieurs observations que je veux partager avec vous dans ce court article.
La nature est forte
Quelle surprise de voir les sentiers envahis par la végétation! Du seul fait de l’absence de visiteurs, la nature reprenait ses droits dans la plupart de nos sentiers en milieu ouvert. Et il en était de même autour des chalets, des fourneaux basques et des monuments. Graminées, framboisiers, ronces et arbustes ont profité de cette opportunité pour prendre la place. Les bénévoles auront fort à faire pour dégager les sentiers en vue de la prochaine saison.
Les chablis, une perturbation naturelle à l’île aux Basques
Au grand dam de notre gardien, M. Jean-Pierre Rioux, des vents très puissants ont causé la perte de nombreux arbres sur l’île, et ce, principalement aux abords de la route des Basques. M. Rioux a dû consacrer près d’une semaine pour dégager à la scie à chaîne les sentiers touchés.
Le broutage par les orignaux devient de plus en plus évident
Depuis maintenant 3 ans, des orignaux ont élu domicile à l’île aux Basques. L’impact de leur présence est très visible. En effet, bien rares sont les tiges de cornouillers stolonifères qui n’ont pas été broutées par ces grands herbivores. Toutefois, il y a peu de mortalité et la plupart des tiges se régénèrent très bien. Par contre, les orignaux font la vie dure aux sorbiers. Ils les broutent intensivement, surtout en grugeant leur écorce, ce qui affecte nécessairement la survie de ces arbustes. Le sapin baumier n’y échappe pas! Mais, ce conifère omniprésent sur l’île est toujours très peu utilisé. Cela tend donc à démontrer que les feuillus suffisent à nourrir nos orignaux pour le moment.
Mais ce fut toute une surprise de voir qu’à l’instar des trois mousquetaires, ce sont quatre orignaux femelles qui vivent sur l’île alors que nous croyions qu’il n’y en avait que trois. En plus d’Ama, Alaba et Berria, il y a maintenant Laugarren qui signifie quatrième en Basque.
En conclusion, la situation semble sous contrôle pour le moment mais il faudra surveiller de près en espérant qu’aucun mâle ne viendra rejoindre les femelles et ainsi faire croître démesurément la population.
La tordeuse du bourgeon d’épinettes fait des ravages
Cette année les sapins de l’île sont victimes d’une épidémie sévère de tordeuse des bourgeons de l’épinette. L’on voyait déjà l’an dernier ce phénomène, mais en moindre importance. Des centaines d’arbres, voire des milliers, étaient complètement défoliés au moment de ma visite. De toute évidence, les bourgeons de l’année n’ont pas suffi à combler l’appétit des larves de tordeuse qui s’en sont prises au feuillage complet des sapins. Reste à voir quelle sera la mortalité des sapins en réponse à cette attaque. Fait à noter, l’île a déjà subi ce type de dommage et s’en est très bien remise.
Les oiseaux sont nombreux partout
Et pour terminer sur une note aviaire, à voir le nombre de hérons qui passaient sans cesse au-dessus de nos têtes durant cette semaine de bénévolat, la colonie semblait bien se porter. L’inventaire de 2021 nous en dira plus à ce sujet.
Par ailleurs, les crèches d’eiders fourmillaient tout autour de l’île ce qui semble confirmer l’hypothèse selon laquelle l’année 2020 aurait été exceptionnelle pour la reproduction de cette espèce dans les îles du Bas-Saint-Laurent.
Photo en vedette : Arc-en-ciel au parc naturel et historique de l’Île-aux-Basques, juillet 2020 par Christian Bonnelly