Berce très grande (berce laineuse). Parc naturel et historique de l'Île aux Basques. Photo: Yves Déry.

Pharmacologie, drogues et commerce de végétaux en Nouvelle-France

Pharmacologie, drogues et commerce de végétaux en Nouvelle-France

Résumé de la conférence de M. Alain Asselin, 7 février 2018, présentée dans le cadre des conférences publiques de la Société Provancher. 

Le moins que l’on puisse dire c’est que notre conférencier, M. Alain Asselin, « connaît bien le tabac ». Ce professeur retraité du département de phytologie de l’Université Laval est l’auteur principal de plusieurs ouvrages traitant de l’usage des plantes québécoises par les Amérindiens et les colons français de la Nouvelle-France.

La trentaine de personnes présentes à sa conférence du 7 février dernier, intitulée Curieuses histoires de plantes du Canada, ont appris comment plusieurs végétaux servaient autrefois à divers usages alimentaires, médicinaux, tinctoriaux ou enivrants au pays de la Nouvelle-France. Une tisane d’aiguilles de conifère (annedda) pour contrer le scorbut, la ciguë contre la syphilis, la sanguinaire pour avorter ou se maquiller, le tabac des paysans (pétun) comme lavement pour guérir le tétanos ou soigner les plaies, si ce n’est en fumée pour « planer », les feuilles de cette plante étant huit fois plus concentrées en nicotine que le tabac d’aujourd’hui. Venait-il qu’en manquer dans les « pétunoirs », on pouvait toujours se rabattre sur le chanvre indien ou le houblon, des succédanés de la « mari » en quelque sorte! À cette époque, on n’avait pas jugé bon de légiférer sur ces pratiques culturales, médicales et aphrodisiaques. C’est donc sans contraintes qu’on cultivait ces plantes autour des maisons des richards de la colonie.

Les plantes médicinales : un commerce lucratif!

Champlain ayant « senti » la bonne affaire et n’a pas tardé à installer un marché d’exportation de végétaux américains avec la mère patrie. Apparemment, le commerce des plantes « stimulantes », majoritairement des solanacées, était passablement lucratif et complétait admirablement bien le commerce outre-Atlantique des peaux de fourrure et du bois de construction. Le clergé avait d’ailleurs également flairé la bonne affaire en fixant une dîme quasi usuraire sur les profits engendrés par ce commerce.

C’est en observant attentivement le comportement alimentaire des animaux que les Amérindiens ont tant appris, tout comme par essais et erreurs, sur les propriétés alimentaires et médicinales des plantes. Présents depuis près de 5000 ans sur ce territoire, leurs druides avaient su mettre au point des recettes secrètes qu’ils ont pu par la suite troquer avec nos ancêtres en échange de menus objets fabriqués en Europe (fusils, munitions, ustensiles et autres ferronneries). C’est ainsi que des substances aujourd’hui illicites servant autrefois lors des rituels religieux des autochtones sont devenues des remèdes contrôlés, des hallucinogènes contestés ou même des poisons utilisés en Europe. Vive le libre-échange!

Grâce aux livres rédigés par notre conférencier et compte tenu des conseils qu’il a prodigués au moment de l’établissement du jardin médicinal du carré de l’apothicairesse du monastère des Augustines de Québec, il est maintenant possible à tout un chacun d’en apprendre davantage sur l’histoire de la pharmacie et des premiers apothicaires de la ville de Québec, dont Louis Hébert et le missionnaire jésuite naturaliste Louis Nicolas.

Jean-Luc DesGranges, Ph. D.
Chercheur émérite, Environnement Canada

Photo à la une par Yves Déry.

M. Alain Asselin. Photo: Geneviève Asselin

M. Alain Asselin. Photo: Geneviève Asselin