La renouée du Japon : une espèce exotique envahissante
Originaire d’Asie, la renouée du Japon a été introduite en Amérique du Nord à des fins ornementales au 19e siècle. Sa croissance est très rapide de sorte qu’elle atteint 2 à 3 m de hauteur pendant l’été. Ses tiges creuses et noueuses sont semblables à celles du bambou, d’où les appellations de bambou japonais ou de bambou mexicain qu’on lui attribue parfois. À la fin de la saison, elle produit des panicules de fleurs blanc crème. La présence de cette espèce exotique envahissante est confirmée sur le territoire de la réserve naturelle du Marais-Léon-Provancher. Des travaux y sont en cours pour l’éradiquer. Mais, des chercheurs ont récemment trouvé des solutions naturelles au contrôle de cette espèce. En voici un compte rendu.
Des rives de cours d’eau et de milieux humides aux milieux ouverts, terrains vagues et bords de route, une plante envahissante formant d’énormes colonies gagnent du terrain au Québec. Cette plante originaire d’Asie de l’Est, aux tiges zigzagantes ressemblant à du bambou, porte le nom de renouée du Japon (Fallopia japonica). Sa présence sur notre territoire constitue maintenant une menace pour la biodiversité végétale des milieux qu’elle envahit. Cette crainte et l’absence d’agents de contrôle biologiques au Québec motivent depuis plusieurs années des missions de contrôle de la plante. Favorablement, il semblerait que ces agents de contrôle apparaissent lentement sur le territoire et qu’ils pourraient s’avérer être des partenaires intéressants dans cette lutte.
Phytopathologie et herbivorisme, apparition de nouveaux contrôles biologiques contre la renouée du Japon
En effet, depuis quelques années déjà, une nouvelle phytopathologie affectant la renouée du Japon a été aperçue sur le territoire de la ville de Québec. Initialement, ce sont des bénévoles de l’organisation Verdir et Divertir qui auraient constaté la présence de plants infectés durant des opérations de contrôle dans l’îlot des Tanneurs. Et, durant l’été 2020, une pathologie similaire fut observée au Domaine Maizerets durant les opérations de contrôle du programme J’en Arrache. À la suite de cette observation, quelques feuilles infectées furent collectées, puis envoyées à Agriculture et Agroalimentaire Canada afin d’en apprendre plus sur cette phytopathologie. Depuis, son identification par séquençage génétique est en cours et quelques résultats intéressants ont déjà été obtenus.
L’avenir semble prometteur pour le contrôle naturel de la renouée du Japon
À l’origine, ce sont les symptômes visuels de la phytopathologie qui ont attiré l’attention. Les renouées infectées présentaient une multitude de taches foliaires noires, puis dans certains cas, leurs feuilles jaunissaient de façon significative. Cependant, tout récemment, grâce au séquençage génétique de la région ITS de l’organisme pathogène, il a été possible de confirmer que la maladie est causée par un champignon appartenant à la famille des Didymellaceae. Cette famille comprend des espèces phytopathogènes, dont le champignon Phoma macrostoma, un ascomycète japonais causant des nécroses sévères sur les jeunes pousses de renouée. C’est d’ailleurs une phytopathologie recommandée pour contrôler les colonies de renouées du Japon par le Compendium des Espèces Envahissantes de CABI. Cependant, le séquençage a également permis d’exclure P. macrostoma des coupables et de réduire la liste des suspects potentiels à trois espèces, soit Nothophoma anigozanthi, Phomatodes aubrietiae et Vacuiphoma oculihomini. Une poursuite du séquençage génétique de la part d’Agriculture et Agroalimentaire Canada est nécessaire afin d’identifier le phytopathogène avec certitude.
Des insectes parmi les ennemis naturels de la renouée du Japon
De plus, un nouvel insecte a fait son apparition parmi la liste des ennemis naturels de la renouée du Japon présents au Québec. Il s’agit du scarabée japonais (Popillia japonica), un coléoptère également introduit d’Asie, qui gagne du terrain dans la province depuis quelques décennies. Cet insecte est considéré comme nuisible, car il s’attaque à de nombreuses espèces de plantes ornementales ou destinées à l’alimentation. Toutefois, il est intéressant de savoir que le scarabée japonais s’attaque également à la renouée du Japon. Au mois d’août 2021, des employés de la Fondation québécoise pour la protection du patrimoine naturel (FQPPN) ont d’ailleurs observé plusieurs de ces insectes en train de se nourrir de feuilles d’une colonie de renouées du Japon à Cap-Santé, lors d’une opération d’arrachage de cette plante.
Somme toute, bien que le potentiel de ces deux espèces (le mycète japonais et le scarabée japonais) en tant qu’agents de contrôle biologique reste inconnu, des recherches plus approfondies pourraient permettre de mieux comprendre leur rôle, voire de les accueillir en tant que nouveaux alliés dans le combat contre l’avancée de la renouée du Japon.
Florent Lefebvre-Demers et Sami Jai Wagner-Beaulieu
Photo à la une : Florent Lefebvre-Demers